01 Aout 1944, la 2ème DB du général Leclerc vient de débarquer en Normandie sur la plage d'Utah Beach. Incorporée à la 3ème armée américaine (Patton), elle vient renforcer les armées alliées et va débuter le combat lors de la bataille de Normandie. Erik de Colombel est à la tête d'un peloton de 5 chars Sherman (1). Le lendemain de son arrivée, Erik demande l'autorisation d'aller voir ses parents à Cambes, à 10 km de Caen. Il ne les a pas vu depuis 3 ans et il est inquiet car tout le secteur subit des bombardements allemands et alliés depuis plusieurs semaines. Il emprunte une moto (Indian) aux américains et effectue le trajet (près de 100 km) en traversant une région dévastée. Sur la route entre Caen et Cambes, il circule difficilement au milieu des colonnes de réfugiés qui fuient le secteur. C'est alors qu'il croise son père Jean parmi ces réfugiés. Il fait demi-tour, va le voir et s’arrête devant son père qui lui dit :
“Good morning sir, where are you going” (2)
« Mais, papa, c’est moi Erik, ton fils «
Et Jean de continuer à parler en anglais à son fils ...
Erik (3), comme tous les soldats de la 2ème DB, est équipé d’un uniforme américain avec casque et lunettes, autant dire à mille lieux du soldat parti en 39 avec son cheval. Il lui fallut quelques minutes, après avoir enlevé casque et lunettes, pour convaincre son père qu’il avait bel et bien en face de lui son fils et non un américain …
Where are you going
(1) Le char Sherman avait un équipage de 5 hommes, dont deux, le pilote et le mitrailleur, étaient situés dans la caisse à l'avant du char. Le char, doté d’un moteur d’une puissance de 500 CV, était équipé d’un canon de 75 et de 2 mitrailleuses et consommait 400L/100 sur route à 40 km/h. Le pilote était installé à l’avant, en bas du char ; c’était le poste le plus dangereux, d’une part, c’était le point faible du char et d’autre part, lorsque le char était touché, c’était le dernier homme à pouvoir évacuer. Le peloton d’Erik perdit 2 pilotes pendant la campagne de Normandie.
(2) Jean de Colombel parlait parfaitement l’anglais. En 14/18, Il avait été correspondant français dans l’armée anglaise (son homologue était Rudyard Kipling). Il avait ensuite été attaché militaire en Grèce (sous protection franco-britannique vis-à-vis des Turcs).
(3) Lorsqu’Erik racontait sa guerre, il commençait toujours de la même façon. « En 39, je suis parti avec mon cheval, un sabre et un révolver. En 44, je suis revenu avec 5 chars Sherman équipés d’un canon de 75 et de 2 mitrailleuses. «
Indian 841 moto armée américaine