1422 Jean Colombel était promis à une belle carrière; sa famille, de riches marchands drapiers de Rouen, l’avait envoyé à Paris pour suivre des études de théologie; à son retour à Rouen, licencié en droit canon, l’influence de la famille Colombel auprès de Louis 1er d’Harcourt (archevêque de Rouen, primat de Normandie qui avait pour clerc Godefroy Colombel) permit à Jean d’être désigné très vite promoteur de l’archevêché, ce qui n’a pas été du gout du Chapitre (assemblée des religieux) qui s’était vu imposé ce choix alors qu’il avait son propre candidat à ce poste. Le rôle de promoteur consiste à défendre le bien public (équivalent du ministère public). Fort de cette promotion, Jean ne prit pas garde au mécontentement qu’il avait provoqué et remplit avec un peu trop de fougue et de zèle sa mission; en 1423, il a fait afficher une lettre sur les portes de la cathédrale contre les chanoines qui s'emparaient des revenus de l'archevêché pendant la vacance du siège (période entre le décès de l’archevêque et la nomination du suivant); le jeune promoteur Colombel, doté d’un caractère entier et pétri de son rôle, ne prit aucune précaution et le signifia à plusieurs chanoines, qu'il interpella en termes blessants, à l'intérieur de l'église. Le Chapitre se réunit et décida que, s'il pouvait être saisi sur le territoire de la cathédrale qui dépendait de la juridiction des chanoines, et non de l'archevêque, il serait incarcéré aux prisons capitulaires.

C'est ce qui arriva le jour même, et l'avocat-promoteur Colombel fut détenu ; seule une lettre du roi Henri VI d’Angleterre (Rouen est anglais depuis le siège de 1417) ordonnant sa libération lui permit d’en sortir ; cette lettre nous renseigne sur 2 points : l’influence de la famille Colombel à Rouen et la proximité avec le pouvoir anglais.

Cloître des chamoines

En Prison